Le vol de train le plus audacieux au monde

Neuvic, Dordogne, Juillet 1944

Célèbre pour ses Châteaux, son Vin et ses Truffes, la Dordogne a toujours occupé un rôle important sur la scène mondiale.

Mais les histoires de la Seconde Guerre mondiale sont souvent négligées, notamment les événements du 26 juillet 1944, lorsque la Résistance a commis le plus grand et le plus audacieux vol de chargement de train au monde.

Avec un montant stupéfiant de 2,28 milliards de francs (environ 400 millions d’euros/420 millions de dollars), ce vol a changé le cours de l’histoire, et en 4 semaines, les nazis ont fui la région.

Pour libérer la France par les Alliés après le jour du débarquement en Normandie, en juin 1944, il était évident que les fonds financiers nécessaires pour soutenir et approvisionner en armes les nouvelles recrues du sud-ouest de la France n’étaient pas suffisants.

Le commandant des forces françaises basées à Londres, le général Koeing, a suggéré que la Résistance fasse profil bas le temps que plus d’armes soient fournies, mais le maquis de Dordogne avait une autre idée en tête.

Le chef de la résistance de Dordogne, André Gaucher, a été informé qu’entre 8 et 10 milliards de francs étaient détenus dans les coffres de la ville voisine de Périgueux, et que certains trains transportaient régulièrement de l’argent à Bordeaux sur ordre des occupants nazis.

Gaucher a découvert qu’un train fortement surveillé partirait le 26 juillet, transportant 2,28 milliards de francs (soit 400 millions d’euros), contenus dans 150 sacs et pesant six tonnes.

Les maquis locaux ont été informés et un plan a été élaboré pour arrêter le train à Neuvic sur L’Isle. L’endroit a été choisi en raison de son éloignement de la route principale, qui était généralement très fréquentée par les patrouilles allemandes, et pour sa proximité aux routes de campagne peu fréquentées, idéal pour cacher les camions en fuite. On pensait également que les villages locaux et le personnel de la station étaient dignes de confiance. Seulement quelques semaines auparavant, les nazis avaient exécuté 52 civils dans la ville voisine de Mussidan pour se venger des attaques de la Résistance.

Arrivé à 19h, le Maquis guette alors le train. Deux camions avaient été préparés pour évacuer le butin. Puis un train de voyageurs s’est arrêté à la gare à 19h45…

Doutant qu’ils avaient le bon train, les combattants sont cependant montés à bord de celui-ci, et le conducteur les a dirigés vers le premier wagon, où ils ont trouvé 150 sacs marqués par la note « Banque de France ». Quelques gardes ont simulé un conflit, puis la voiture a été dételée et déplacée dans une voie de garage.

Pendant le déchargement des sacs, les chefs des gares de Mussidan et de St Astier ont été avertis du retard du train. Ils avaient été informer que des chaussures étaient en chargement depuis une usine voisine à destination de l’Allemagne.

Incroyablement (ou pas, pour ceux qui connaissent quelque chose à la bureaucratie française) un officier de la résistance a été invité à signer un reçu de 2 280 000 000 de francs par un représentant de la Banque de France à bord du train.

Les six tonnes d’argent ont été réparties entre les deux camions, et le groupe a prudemment cheminé toute la nuit jusqu’au rendez-vous à Cendrieux, à 40 km des lieux. L’un des camions est tombé en panne après un violent orage, et donc tout le butin a été placé sur l’un des wagons, qui est arrivé à la planque forestière à 2 heures du matin.

Les sacs ont été comptés, et il n’en manquait… qu’un ! Pendant des années après la guerre, les 15 millions de francs mystérieusement disparus ont été mis sur le dos de toutes les bonnes fortunes régionales, telles que les nouvelles entreprises et les nouveaux magasins.

Dans les jours et les semaines qui ont suivi, l’argent a été partagé pour libérer les résistants, versé aux commerçants, aux médecins et aux hôpitaux et dédié à l’achat de nourriture et d’armes.

Fin août 1944, tous les nazis avaient fui la Dordogne et le début de la riposte victorieuse commença.

Si vous souhaitez en apprendre plus sur l’histoire de la région, je vous recommande:

Wine and War de Donald Kladstrup – une histoire fascinante sur la façon dont les viticulteurs ont déjoué les Nazis

Le Partage des Milliards de la Resistance de Gillot Lagrange

The Resistance Man de Martin Walker

Article rédigé par Daniel Arnold

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